Vers une augmentation des prix des voitures électriques en Europe : mauvaise nouvelle aussi pour les concessionnaires ?

Les prix élevés des voitures électriques – que vous pouvez essayer en réservant votre test ici – découragent les clients. Les choses ne s’amélioreront probablement pas avec des droits de douane sur les importations chinoises dans l’UE, prévient le secteur. Sans doute faut-il nuancer un peu.

Dix Etats favorables à l’instauration de droits de douane plus élevés pour les voitures produites en Chine, 12 abstentions et cinq Etats contre (dont l’Allemagne, sans surprise)…

La Commission européenne estime avoir reçu le soutien de suffisamment d’Etats membres pour pouvoir mettre en application ces droits de douane plus élevés qui toucheront essentiellement des voitures électriques chinoises, qui seront nombreuses aux FLEET EV Experience Days les 18, 19 et 20 octobre prochains, à Zolder. L’Europe a cependant précisé également qu’elle continuait les négociations avec Pékin pour envisager des alternatives.

A combien s’élèvent ces droits de douane ?

Pour rappel, à ce jour, les droits de douane de base s’élevaient déjà à 10%. Il faudra ajouter, à partir du 31 octobre prochain (sans compromis avec la Chine) :

  • 7,8% pour Tesla
  • 17% pour BYD
  • 18,8% pour Geely (Volvo, Polestar, smart,…)
  • 35,3% pour SAIC (MG et Maxus)

Mauvais pour les consommateurs et les concessionnaires ?

L’industrie allemande avait déjà fait savoir qu’elle n’était pas favorable à l’élévation de ces droits de douane pour les véhicules en provenance de Chine, comme nous l’écrivions cet été. Aujourd’hui, elle persiste et signe.

« Avec l’introduction de droits de douane punitifs sur les voitures électriques chinoises, le secteur s’attend à des conséquences négatives pour le commerce automobile et les acheteurs de voitures. Pour les consommateurs, l’intervention dans la concurrence avec les constructeurs chinois risque de renchérir les prix des voitures électriques », a déclaré Thomas Peckruhn, vice-président de la fédération allemande de l’industrie automobile (ZdK), au journal allemand Augsburger Allgemeine. « Cela détériorerait encore plus l’envie d’acheter, qui est déjà mise à mal ».

« Et pour les concessionnaires automobiles qui ont décidé d’accueillir une marque chinoise et ont réalisé des investissements à cet effet, les droits de douane punitifs faussent la concurrence. De plus, la probabilité d’une réaction chinoise est élevée. Cela affectera toutes les exportations pour les véhicules non produits en Chine et entraînera un affaiblissement des constructeurs et des fournisseurs basés en Allemagne. Les droits de douane punitifs ne sont pas une solution pour un commerce mondial équitable. »

A nuancer ?

« L’Institut de Kiel, un groupe de réflexion économique, a estimé que l’imposition d’un droit de douane supplémentaire de 20 % sur les BEV chinois réduirait les importations de l’UE de 25 % », a souligné Christoph Ruhland, Director Business Development chez Autovista Group. « Avec 500.000 véhicules importés en 2023, selon leurs chiffres, cela représenterait environ 125 000 unités. Ce nombre de véhicules représenterait une valeur de quelque 3,7 milliards d’euros ».

Ces mêmes chercheurs de l’Institut de Kiel prédisent que l’augmentation des droits de douane sera compensée par une augmentation de la production au sein de l’UE (éludant ainsi les droits de douane) et une diminution des exportations de véhicules électriques. Certains constructeurs automobiles ont déjà commencé à délocaliser leur production en Europe ou s’apprête à le faire. On pense à BYD en Hongrie, Chery en Espagne, etc.

Toutefois, « le déplacement du site de production entraînerait probablement une hausse significative des prix pour les consommateurs », analyse le responsable du développement chez Autovista, M. Ruhland.

Filiale de J.D. Power, Autovista a cherché confirmation du côté de l’une de ses sociétés-sœurs, Schwacke. « Un facteur important est la mesure dans laquelle les importateurs, qui paieront ces droits de douane, les répercuteront sur les clients sous la forme d’augmentations de prix », a ainsi répondu Andreas Geilenbruegge, responsable des évaluations et des analyses chez Schwacke.

Et l’analyste de poursuivre : « Les producteurs chinois bénéficiant de marges apparemment élevées, il est possible que les droits de douane soient absorbés. Dans ce cas, les taux proposés auraient un effet limité sur les marchés des voitures neuves et d’occasion. Si une part plus importante des coûts est répercutée sur le client par le biais d’augmentations de prix, les effets seront multidimensionnels ».

Les nouvelles marques auront plus de mal à s’implanter sur le marché des voitures neuves, où les livraisons de BEV sont déjà en baisse, selon M. Geilenbruegge qui ajoute : « Il sera également impossible d’obtenir des primes de prix adéquates sur le marché des voitures d’occasion. Dans l’ensemble, les prix de transaction des voitures d’occasion et les taux de leasing/location des voitures neuves augmenteraient à mesure que les volumes diminueraient ».

Importations de jeunes modèles d’occasion ?

Chez Autovista, on l’affirme : « Les constructeurs chinois ont déjà réduit leurs prix et ils essaieront probablement de compenser les nouveaux droits de douane. Dans le même temps, les marques européennes qui construisent des BEV en Chine ont moins de flexibilité dans leurs marges, ce qui rend les hausses de prix plus probables ».

Cela ouvre la possibilité d’une augmentation des importations de jeunes modèles d’occasion en provenance de pays comme la Norvège. Le gouvernement norvégien a en effet confirmé qu’il ne suivrait pas les tarifs douaniers de l’UE, car il n’a pas de constructeurs automobiles locaux à protéger. « Étant donné que les immatriculations de voitures neuves en Norvège sont également prises en compte dans les objectifs de réduction des émissions de CO2 des constructeurs, cette solution pourrait s’avérer attrayante pour certains constructeurs automobiles », relève-t-on chez Autovista.

Il ne reste plus qu’à scruter l’évolution des négociations avec les Chinois qui, de leur côté, ont déjà annoncé des mesures frappant potentiellement d’autres industries européennes… Et en attendant, n’hésitez pas à venir essayer des voitures électriques chinoises, japonaises ou européennes à Zolder, les 18, 19 et 20 octobre prochains. Pour réserver vos tickets et vos essais, cliquez ici !

#Auto

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